La réinterprétation du culte de la Ka'ba selon le Coran (Mahomet, Coran 5/98).
"Allah a institué la Ka'ba, temple sacré se dressant pour les hommes, le mois sacré, les victimes offertes en offrande, les guirlandes attachées aux victimes, tout cela pour que vous sachiez qu'Allah sait ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre."
Cf. M. Gaudrefroy-Demonbynes, Le pèlerinage à la Mekke, Paris, 1923, p. 323,
“L'essentiel des cérémonies du pèlerinage mekkois est nettement antéislamique et n'a subi que des transformations de détail, d'arrangement et d'usure. Le prophète tout imprégné du culte de sa jeunesse les a conservées et observées dans les dernières années de sa vie. mais il y a mis sa marque, marque personnelle et musulmane.”; plus récemment, F. E. Peters, The Hajj: the muslim pilgrimage to Mecca and the holy places, Princeton, 1994.
Mesures du sanctuaire (Yaqubi, Les Pays, p.153)
Le temple saint est situé entre Jiyâd et Kuaikiàn. Il fut, en dernier lieu, restauré, agrandi et élargi, de façon que la Ka'ba en occupa le centre, par Mahdi, en l'an 164. Le sanctuaire couvre une surface de 120.000 coudées carrées; sa longueur est de 404 coudées, depuis la porte des Banù Jumàh jusqu'à la porte- des Banù Hàshim, cette dernière proche du signal vert; et sa largeur est de 304 coudées, de la porte de Nadwa à la porte de Safà. On y compte 484 colonnes de marbre, hautes de 10 coudées, 498 arcs et 23 portes. C'est l'émir des croyants Mahdi qui fit installer les deux signaux verts qui se trouvent entre Safâ et Marwa, ils sont distants l'un de l'autre de 112 coudées, alors qu'il y a 754coudées entre Saf-a et ~larwa. La hauteur de la Ka'ba est de 28 coudées. De l'angle de la pierre noire à l'angle syrien, il y a 25 coudées; de l'angle occidental à l'angle syrien, côté du Hijr, 22 coudées; de l'angle occidental à l'angle yéménite, 25 coudées; de l'angle yéménite à l'angle de la pierre noire, 91 coudées.
L'origine de la circambulation (Tabari, Commentaire du Qoran I p. 468
Al Hasan disait: le premier à faire le pèlerinage vers la Maison a été Adam. Cela montre que c'est lui qui l'a construit avant Abraham. On raconte d'après al Baqir qu'Allah a placé quatre colonnes sous son trône (...) les anges tournaient autour. Alors, il envoya les anges qui dirent: “Construis une maison comme ça, avec ces dimensions, sur la terre. Il ordonna que quiconque sur la terre accomplisse ces tours autour de la Maison.
Cf. U. Rubin, “The great pilgrinage of Mekka, some notes on sura IX”, Journal of Semitic Studies 27,1982; pour résumer, les rituels se déroulent dans cet ordre:
-course d'Arafat à Myzdalifa.
-course de Muzdalifa à Mina.
-Sacrifice à Mina, rasage, lapidation des pierres.
-circambulaiton autour de la Ka'ba.
La circambulation des bédouins: un témoignage (Batanouni, Rihla, p. 158
"Un pèlerin lettré du début du XXème siècle décrit ainsi l'attitude primitive des fouilles de bédouins tournant autour de la Ka'ba. La persistance des usages anté-islamiques est évident, malgré le fondamentalisme nihiliste des Wahhabites.
Le spectateur qui observe avec attention les tournées accomplies par les Bédouins, et particulière ment par ceux de l'Est, les 'Otaïba et les Mtir, s'aperçoit qu'ils considèrent le pèlerinage comme s'accomplissant à la Kaaba, bien plutôt qu'à 'Arafa. On pourrait en conclure l'antique survivance des habitudes d'une population qui, serviteurs de la Kaaba comme les Koréichites Homs, refusaient de se rendre hors du territoire sacré, au zuqûf de 'Arafa. Ces Bédouins arrivent à La Mekke en troupes dans les six premiers jours de zou'1 qa'da. et installent leurs campements hors de la ville, à l'est. Ils viennent faite les tournées d'arrivée tazvâf el qudûni par bandes d'hommes se tenant par la main. Ils ne s'occupent pas de ceux qui sont sur le matàf avant eux et entraînent tout 1e monde avec eux, en criant:
-Allah! Mohammed! Labbaïka! Labbaïlia! Je fais le hajj ! Tu accueilles taqhal ou tu n'accueilles pas! je fais le hajj! N'accueilleras-tu pas? »
Quand il y a des femmes en petit nombre et toutes avancées en âge, elles sont derrière les hommes accrochées à leurs épaules : on ne voit que leurs yeux; leurs mains sont enfermées dans des gants de coton montant au coude gouffâzât. Quand ils sont arrivés à la pierre noire, leur chef saisit la housse de la Kaaba et si cramponne de façon que personne ne puisse l'en écarter. Les compagnons l'aident à éloigner tout étranger qui voudrait toucher à la pierre noire : tous la touchent et la baisent, les femmes après les hommes. Le mari cogne la tête de sa femme contre la pierre de façon qu'elle en garde une marque qui est pour eux celle du baji; le mari crie en même temps à sa femme :
-As-tu fait le hajj, ô hâjja! et elle crie en réponse: J'ai fait le hajj, j'ai fait le hajj!
Puis elle se tourne vers la pierre noire :
-J'ai fait le hajj: informe ton Maître que j'ai fait le hajj!
Puis levant la tête vers le ciel :
- Que tu accueilles ou non, j'ai fait le hajj; Si tu ne m'accueille, par force tu accueilleras! ".
Batanouni, Er rihla el hijaziha, Le Caire, 1951
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