Description du sanctuaire de la Ka'ba au XIIème siècle (Ibn Jubayr, La Mekke ).
"La maison vénérée a quatre angles et est presque carrée. (...) la hauteur de la face qui est tournée vers Bâb as-Safa, de la Pierre noire l'angle yéménite, était de vingt-neuf coudées, alors que les autres côtés en mesuraient vingt-huit, et ceci à cause de la pente de la terrasse vers la gouttière.
Le premier angle est celui où est encastrée la Pierre noire et c'est à partir de là que le pèlerin débute les tournées, en reculant afin de passer devant la Maison vénérée, à sa gauche. Le pèlerin voit ensuite l'angle irakien qui est tourné vers le nord, puis l'angle syrien, tourné vers l’ouest et enfin l'angle yéménite tourné vers le sud, puis il revient à l'angle de la Pierre noire, tourné vers l'est. Il a alors fait un tour complet.
La porte de la noble maison est percée dans la face comprise entre l'angle irakien et l'angle de la pierre noire à dix empans mesure vérifiée. Cet espace compris entre les deux s'appelle al-Multazam et c'est un lieu où les prières sont exaucées. La noble porte est à onze empans et demi au-dessus du sol, elle est en argent doré, parfaitement exécutée, merveilleusement belle. Elle attire les regards tant elle est magnifique et tant elle inspire d'humilité, grâce à la majesté dont Allah l'a dotée. Ses deux montants et le linteau sont du même art. À la partie supérieure, on voit un bandeau d'or pur de deux empans de large; la porte a deux grands anneaux sur lesquels se ferme le loquet. Elle est tournée vers l'est, a huit empans de large et treize de hauteur, et, le mur dans lequel est percée la porte a cinq empans d'épaisseur. L'intérieur de la noble maison est pavé de marbre veiné ainsi que les murs. La Ka'ba repose sur trois colonnes en bois de teck, fort hautes, distantes l'une de l'autre de quatre pas et placées, au milieu, sur la longueur: la première ait face au milieu du côté que limitent les deux angles yéménites et se trouve à trois pas, la troisième est vis-à-vis du côté que limitent les angles irakien et syrien. Le pourtour du mur intérieur de la maison, à partir de la moitié supérieure, est peint d'argent doré, si épais et si consistant qu'on croirait voir une plaque d'or entourant les quatre murs, dans la partie supérieure. Le plafond est tendu d'une étoffe de soie colorée.
À l'extérieur, la Ka'ba, sur les quatre côtés, est tout entière revêtue de voiles de soie verte dont la chaîne est en coton. Dans la partie supérieure, on voit une inscription sur soie rouge qui porte: “La première maison qui fut donnée à l'humanité est celle de Bakka (...)” sur une largeur de trois coudées; cette inscription en fait tout le tour. Sont représentées sur ces voiles avec beaucoup d'art et en raccourci des arcatures merveilleuses et sont reproduites des inscriptions répétant le nom d’Allah (...). Tout cela ne jure pas avec la couleur du revêtement. Les lés verticaux sont au nombre de trente-quatre sur les quatre côtés: sur les deux grands, ils sont dix-huit, sur les petits, seize. La Ka'ba a cinq lucarnes en verre, doré ans la masse, fort bien découpé; une de ces lucarnes est percée au milieu du plafond et quatre à chaque angle. Une des lucarnes n'est pas visible parce qu'elle se trouve sous la niche dont on parlera plus loin. Entre les colonnes, il y a des lampes d'argent au nombre de treize et une en or.
La première chose que l’on voit celui qui entre par la porte à sa gauche, c'est là où la pierre noire est encastrée à l'extérieur. Il s'y trouve deux coffres contenant des exemplaires coraniques et surmontés de deux petites portes en argent qui ressemblent à des lucarnes, plaquées dans l’encoignure; elles sont à plus d'une taille d'homme au-dessus du sol. Dans l'angle suivant, c'est-à-dire l'angle yéménite, on trouve les mêmes petites portes, mais elles ont été arrachées et il ne reste que le bois sur lequel elles étaient apposées. Dans l'angle syrien, on voit les mêmes portes, mais là, elles subsistent; il en est de même dans l’angle irakien. À droite, on distingue l'angle irakien qui a une porte dite porte de la Miséricorde et donne accès à la terrasse de la maison vénérée. Le plafond a une niche qui le touche et dans laquelle se trouve un escalier. En bas, se trouve la pièce qui renferme le noble Maqâm. On a l’impression à cause de cette niche que la Maison antique est pourvue de cinq côtés. La largeur des deux côtés de cette niche est de deux tailles et elle empiète sur l'angle irakien à raison de la moitié de chaque côté. Les deux tiers de cette niche sont recouverts de soie multicolore de telle sorte qu'on dirait qu'elle a été enroulée, puis placée là.".
La façade extérieure se compose de pierres "brutes", tandis que celle d'intérieur a subit un polissage soigné
Les oiseaux de la Mecque (Ibn Jubayr
"L’antique maison est bâtie de grandes pierres, dures et brunes, ajustées les unes aux autres et jointes par un liant si solide qu'avec le temps il ne s'altère, ni ne s'effrite. Il est étonnant qu'un fragment, s'étant détaché de l'angle yéménite et ayant été cloué à l'aide de clous en argent soit redevenu aussi beau qu'il l'était bien que les clous apparaissent. Ce qui est prodigieux, c'est que la maison antique s’élève au milieu du sanctuaire comme un superbe colombier qu'on veuille bien excuser cette comparaison! En effet, les pigeons du sanctuaire sont innombrables et si bien protèges que cela est passé en proverbe ; mais ils ne se posent pas sur la terrasse de la Ka'ba, ni n'y restent en aucune façon, ni dans aucun cas. On voit les pigeons survoler tout le sanctuaire, mais lorsqu'ils approchent de la maison, ils tournent, à droite ou à gauche. Il en est d'ailleurs de même pour les autres oiseaux. J'ai lu dans les Chroniques de la Mekke que les oiseaux ne se posent la Ka'ba que s'ils sont malades: alors, ou ils meurent sur-le-champ ou ils guérissent.
Mesures du sanctuaire (Yaqubi, Les Pays, p.153
"Le temple saint est situé entre Jiyâd et Kuaikiàn. Il fut, en dernier lieu, restauré, agrandi et élargi, de façon que la Ka'ba en occupa le centre, par Mahdi, en l'an 164. Le sanctuaire couvre une surface de 120.000 coudées carrées; sa longueur est de 404 coudées, depuis la porte des Banù Jumàh jusqu'à la porte- des Banù Hàshim, cette dernière proche du signal vert; et sa largeur est de 304 coudées, de la porte de Nadwa à la porte de Safà. On y compte 484 colonnes de marbre, hautes de 10 coudées, 498 arcs et 23 portes. C'est l'émir des croyants Mahdi qui fit installer les deux signaux verts qui se trouvent entre Safâ et Marwa, ils sont distants l'un de l'autre de 112 coudées, alors qu'il y a 754coudées entre Saf-a et ~larwa. La hauteur de la Ka'ba est de 28 coudées. De l'angle de la pierre noire à l'angle syrien, il y a 25 coudées; de l'angle occidental à l'angle syrien, côté du Hijr, 22 coudées; de l'angle occidental à l'angle yéméntite, 25 coudées; de l'angle yéménite à l'angle de la pierre noire, 91 coudées. "
La gouttière d'Or
LA GOUTTIÈRE D’OR (MÏZÂB) DE LA KAABA ET LE SULTAN OTTOMAN AHMED
PAR JEAN DENY.
"En saillie sur le haut et au milieu de la façade occidentale du sanctuaire cubique de la Kaaba, à quelque ,, 2 pieds” du sommet se trouve une gouttière d’or ou dorée destinée à débarrasser des eaux de pluie le toit plat légèrement incliné du temple. On trouve aussi, notamment dans la version française de l’article Kalba de Wensinck dans L'Encyclopédie de l’Islam, l’équivalent ,.chéneau d’or”, jugé, sans doute, plus noble, mais c’est bien d’une gouttière qu’il s’agit. Elle a les mêmes dimensions que du temps de J. L. Burckardt (1820), c’est-à-dire ,,4 pieds 6 pouces de diamètre” ou du temps d’el-Azrakï (IXèI”e siècle) ,,4 coudées 8 doigts de diamètre”, ....
Le Hijr
"Description du Ḥijr
Le Ḥijr est cet endroit bien connu situé juste à côté de la Kaʿba, qu’Allah augmente son honneur, du côté de la gouttière (mur nord). Il s’agit d’un petit muret blanc circulaire qui forme un demi-cercle, il comporte deux ouvertures à ses extrémités pour y entrer et pour en sortir.
Noms et significations
Le terme Ḥijr dérive de sa forme arrondie2 ; ou encore de ḥujira qui signifie « a été pris »3 ; car le Ḥijr « a été pris » (ou retranché) de la Maison. Toute construction peut être appelée ḥijr étant donné qu’une construction a pris ou retranché une partie de la surface du sol. Un autre sens de Ḥijr est le giron de la personne4. Il est aussi possible que le terme dérive de ḥajara qui signifie interdire, car le muret interdit ou empêche l’accès, afin que les gens effectuent leur ţawāf à l’extérieur. Toutes ces significations sont assez proches les unes des autres5. Le Ḥijr a de nombreux noms, l’un des plus importants et des plus célèbres est al-Ḥaţīm, qui signifie « le détruit », « l’effondré », « celui qui est en ruines », car il est une partie de la Maison qui a été détruite. Lorsque la Maison fut reconstruite, une partie resta en ruines.".....
Maḥmūd Ibn Aḥmad al Dosary (PhD)
https://www.alukah.net/books/files/book_11055/bookfile/le_hijr.pdf
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